Les Jeudis du Doc janv à mars 2022

Jeudi 28 avril - 20h45

L’EXPERIMENTAL REVIENT

Après deux années instables nous renouons relation avec les Rencontres Internationales Traverse de Toulouse qui fêteront leur 25ième édition du 6 au 30 Avril 2022. 
Ce rendez-vous nous importe, il élargit et enrichit notre appréhension  du cinéma et de l’art en général en troublant nos représentations des shèmes de production, de réception, de théorie et de critique de l’art.
Notre programmation est  établie de façon à nous aider à ne pas perdre de vue les lignes développées dans les Jeudis du Doc.
Nous vous espérons nombreux.
Simone Dompeyre, commissaire artistique de Traverse-Vidéo nous accompagnera dans cette soirée
 
PROGRAMME
– LAC de Pascale Paroissien – Quebec – 2021- 2’52 
– BIRTHDAY de Yuka Sato – Japon – 2021 – 8’40
 
– L’HOMME ASSIS QUI VOULAIT SE LEVER_ Stéphane Bronkart – Belgique – 2020 – 3’46
– PER TUTTA LA VITA de Roberto Catini – Italie – 2018 – 5’20
– FREEZE FRAME de Soetkin Verstegen – Belgique – 2019 – 5′ 
 
– CLEMENTINE deChantal Caron – France – 7’49
– PUBLIC WASH HOUSE de Noémi sjöberg – Portugal – 2020 – 2’30
 

Jeudi 24 mars - 20h45

Aigoual la forêt retrouvée 

Réalisation : Marc Khanne
En présence du réalisateur
 
Un excellent document que j’ai visionné avec grand intérêt. Hubert Reeves
 
Production : Artis
Co-production : Télé-Miroir / les Ecologistes de l’Euzière

Grand-prix des Rencontres cinema-nature 2008

Film sélectionné dans le cadre d’un projet éducatif des collèges du Limburg (Belgique)

Plus de 30 sélections en festival en France et dans le monde

 
Synopsis

Ce film raconte sous la forme d’un docu-fiction une des plus importantes réussites écologiques avec 68 millions d’arbres plantés ! C’est dans les Cévennes, au XIXème siècle que ça se passe, à un moment où la demande en bois pour l’industrie ou le chauffage est démultipliée et où le surpâturage achève de transformer la montagne en désert. Avec l’érosion, les pluies d’équinoxe ravagent les vallées. Il faudrait reboiser mais comment ? Deux hommes : le forestier Georges Fabre et le botaniste Charles Flahault consacrent alors leur vie à ce défi hors du commun. A force d’obstination, ils réussissent à entraîner avec eux la population et l’administration. Aujourd’hui, reconnue réserve de Biosphère par l’UNESCO, la forêt ‘retrouvée’ du massif de l’Aigoual est citée en exemple par les forestiers du monde entier.

 

Commentaires sur le film :

Je ne peux que vous inciter à aller voir ce film remarquable, Daniel BARTHELEMY, CIRAD

Un docu-fiction particulièrement réussi, qui nous fait réfléchir sur notre rôle dans la société — chaque geste pour la Planète compte, n’attendons pas que les autres les fassent à notre place. Christophe Léon, l’écologithèque

Ce film est un excellent outil pour aborder les trois dimensions du développement durable.
L’environnement : la catastrophe écologique, la prise de conscience, l’homme peut agir.
Le social : une population est la cause de son propre malheur. Comment retourner la situation ?
L’économique : En changeant les comportements et en assurant du travail, on assied les choses dans la durée. Ce docu-fiction permet au public de prendre conscience que même quand la situation semble désespérée, on peut agir. Philippe Paillard, correspondant « A l’école de la Forêt »

Côté documentaire, le film alterne les témoignages émouvants des derniers reboiseurs avec le travail toujours actuel des professionnels de l’Aigoual. Côté fiction, la reconstitution historique tournée avec peu de moyens mais d’une indéniable ambition met en relief l’étonnante actualité de ces premiers combats pour la nature face à nos propres défis écologiques. Mi-fable, mi-manifeste, Aigoual, la forêt retrouvée raconte la force de l’engagement collectif – et énonce que, face aux périls climatiques, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Utopia Montpellier

SELECTIONS INTERNATIONALES : Planet in Focus Toronto (10ème anniversaire) + Diffusions scolaires / Environmental Film Festival in the Nation’s Capital of Whashington (USA) / ‘Collégiens au cinéma’ : Programme Educatif de la Province du Limburg en Belgique CPN : Club Protéger la nature / Tchad et Afrique du Nord / China Green Tour Festival / Festival du film positif de Rennes
DIFFUSIONS TÉLÉ : France 3 Languedoc-Roussillon (2011), Montagne TV (2011-2012), Télé Miroir (2007).

Toute une région pour faire un film. Aigoual La Forêt retrouvée a demandé quatre années de travail. Le réalisateur Marc KHANNE avait auparavant réalisé un documentaire sur la catastrophe industrielle de l’usine AZF de Toulouse, Ce Jour là (2002), puis sur le naufrage du Pétrolier Prestige, La plage des volontaires (2003). Il voulait « faire un film avant qu’il y ait une autre catastrophe, une réflexion sur l’environnement qui soit avant tout positive ». C’est avec la participation bénévole de la population et l’appui de deux associations locales au côté de comédiens professionnels qu’il a fait ce film produit par ARTIS, film qui n’a pas cessé d’être projeté depuis. (Réseau Mémoire de l’Environnement. 2011)

Marc Khanne nous raconte une belle aventure écologique et humaine. Une très très belle histoire…
Idelette Fritsch / France 3 « C’est mieux le matin »

Jeudi 24 février - 20h45

OCCITAN ~ GARDAREM LA LENGA

Réalisation : Marc Khanne
Production: Pages & Images
 
En présence du réalisateur
 
Synopsis

Ce film est un voyage dans la langue et dans la culture occitane. Autour d’enseignants, de familles, de jeunes ou d’artistes engagés
dans sa transmission, il revisite l’histoire contrariée de l’occitan mais aussi les pistes d’espoirs. Pourquoi inscrire ses enfants dans
une Calandreta où l’on apprend l’occitan ? Qu’il y a-t-il dans une langue qui peut en enrichir une autre ? Des questions universelles
qui peuvent-être posées à travers l’existence d’une langue régionale.

 

Quand on est à Montpellier, une ville où l’on mange des pains au chocolat et où l’on parle pointu, on n’a pas trop le sentiment que l’Occitan existe encore. C’est pourtant là que Marc Khanne, un flamand de Toulouse qui a beaucoup flâné entre Lozère et Cévennes, a ancré son film.L’intention initiale de ce film était de démontrer la vitalité, la vigueur d’une langue toujours vivante. Une langue parlée par des jeunes et des moins jeunes,une langue chantée, une langue filmée, une langue apprise et transmise.
Il fallait que ce film fut porté par un candide, un auteur qui n’évolue pas dans le microcosme occitan, un auteur qui allait découvrir au fil du film ce qu’est l’occitan aujourd’hui, sans a priori. Pour que la recette fonctionne, le film a été produit par le plus montpelliérain des producteurs afghans d’occitanie. Avec un tel pastis exogène, la critique de l’ethnocentrisme serait plus difficile à nous asséner.
L’Occitan porte une culture ouverte au monde, et il a apporté au monde quelques belles pierres à l’édifice humaniste: la courtoisie, la conviviença* et paratge*. Mais ce n’est pas qu’un objet culturel, c’est aussi une langue que l’on parle, tout simplement.
Une coproduction viàOccitanie – Pages & Images, avec le soutien du CNC, de la Région Occitanie-Pyrénées-Méditerranée, le Ministère de la Culture.


Vincent Barthe


* conviviença (prononcer conbibienso) et partage sont deux mots occitans pas traduits en
français… le vivre ensemble en harmonie et dans le souci de l’autre, serait la locution pour
restituer la convivencia. Quant au second il faudrait user du néologisme: pairité pour dire qu’au
delà de la parité le partage évoque l’égalité et la fraternité au-delà des différentiations de sexe
ou de classe.

Le mot du réalisateur

Adieu les ami(e )s !

Avec Youssef Charifi, le producteur de ce film qui le rêvait depuis si longtemps, j’ai le plaisir de vous annoncer la future diffusion de « Occitan, gardarem la lenga ». Repérages et tournages se sont étalés sur deux ans avec beaucoup de monde et de situations différentes, mais l’occitan autant par son histoire, sa culture, sa géographie et la variété de ceux qui le pratiquent et le défendent pouvait-il être condensé en 52 minutes ? Le but de ce film était donc d’essayer de permettre à un public non occitanophone, de se faire une idée sur cette langue
moins chargée de préjugés. Je devine que chez beaucoup qui l’ont entendu parler dans leur jeunesse en l’oubliant depuis, certains passages raviveront des souvenirs, un film peut servir aussi à ça !
N’ayant pas moi-même l’occitan dans l’oreille, j’ai essayé de suivre pendant quelques mois les cours attentionnés de Géraud Delbès (IEO, Toulouse) jusqu’à ce que la crise du Covid vienne les interrompre, du moins en présentiel. C’est d’ailleurs ce qui me frappe quand je repense au tournage : ces écoles, ces danses, ces chants, ces fêtes, cette vie corps à corps semble aujourd’hui presque témoigner d’une autre époque ! J’espère qu’après-coup ce film pourra être un outil que vous aurez envie de diffuser pour reprendre de l’élan dès que cette pandémie sera calmée. Que ce documentaire puisse être une occasion future pour nous retrouver, échanger, et reprendre au plus vite le chemin d’une
vie culturelle plus normale. Faire à nouveau entendre la langue occitane et sa musique dans toutes les dimensions de son rayonnement !


Amistosament, Marc Khanne

Jeudi 27 janvier - 20h45

ECCE OJO

Réalisation : Iñès Compan
Production: Talweg
 
En présence de la réalisatrice
 
Synopsis

Colombie, deux ans après la signature des accords de paix. La violence du conflit se lit toujours sur
les visages et les corps des victimes survivantes.
Margarita répare les gueules cassées de cette tragédie. Depuis son atelier de prothèses, nous tirons
les fils de trois histoires de reconstruction autour de la perte d’un oeil.
Entre blessures intimes et collectives, reconstruction du corps physique et du corps social, le film
esquisse le portrait d’une Colombie rêvant d’un visage plus serein.

 

 

FICHE TECHNIQUE
ECCE OJO
58 minutes, 2020, version VOSTFR, DCP
Production : Talweg
Ecriture et Réalisation : Iñès Compan
Image : Freddy Sarria Martos (AFC), Juan David Velásquez (AFC), Iñès Compan
Son : Alejandro Fabregas
Montage : Virginie Véricourt
Mixage : Gabriel Mathé
Étalonnage : Hugues Dardard
Musique originale : Esteban Mosquera
Directeur de Production : Vincent Gazaigne
Avec le soutien du CNC et du programme Europe Creative Media
Distribution en salles : Association 2 Soleils 2 Lunes
Ventes internationales : Beliane
Facebook : Ecce Ojo

ECCE OJO
En six éclairages
par sa réalisatrice Iñès Compan

• Margarita et la re-création des visages
Au centre de ce film, il y a l’idée d’une reconstruction physique, intime et collective. Dans un moment charnière de l’histoire de la colombie, entre guerre et paix. Malgré la signature des accords de paix avec la guérilla des FARC, la violence de ces cinquante dernières années se lit
toujours sur les visages et les corps des victimes survivantes. En 2016, alors que je développais un projet autour d’un excombattant
des FARC, j’ai croisé la route de Margarita, réparatrice « extraordinaire ». Elle est anaplastologue. Sa spécialité consiste à re-figurer, au moyen de prothèses, les visages abimés par les différentes violences qui secouent le pays. Exerçant à cali, elle est, en Colombie et dans toute l’amérique latine, une experte reconnue qui continue de pratiquer ce métier de manière artisanale. Celles et ceux qui frappent à la porte de son cabinet incarnent un concentré de la violence colombienne : ex-guérillero ayant pris une balle dans l’oeil en chargeant son fusil, paysan
victime de l’explosion d’une mine antipersonnel, délinquant au visage détruit dans une rixe entre bandes du narcotrafic… Margarita restaure depuis trente ans les gueules cassées de ces tragédies rurales et urbaines. Reconstruire cette part manquante d’un visage ou d’un
corps, c’est , en quelque sorte, entrer en compétition avec « le créateur ». C’est une mythologie, un fantasme qui hante non seulement la science, mais aussi le cinéma depuis longtemps. Du film de Franju « Les yeux sans visage » à « La piel que habito » d’Almodovar, en passant par les films sur les gueules cassées de la guerre 14-18, le grand écran nous en a laissé des images fortes. La mission de Margarita participe de ce fantasme. Avec ses mains d’artiste, elle recrée sur mesure les visages perdus, elle apaise les douleurs et redonne à ses patients la possibilité de se réinsérer socialement. Et par ses dons de reconstruction faciale, elle participe à la régénération d’une paix intérieure chez eux.

• Pertes d’oeil, nouveaux regards
Dans le scénario, je m’attache aux histoires de deux patients de Margarita, dont le point commun est d’avoir récemment perdu un oeil, de lutter pour reprendre une vie normale après ce traumatisme et d’incarner une jeunesse colombienne en quête de paix.
Yesica, 32 ans, a été victime d’une balle perdue qui a traversé le toit en tôle de sa maison, située dans le bidonville de Siloé, l’un des plus pauvres et violents de Cali. Elle est issue d’une famille de « déplacés » de la zone rurale du Cauca qui ont dû fuir leurs terres pour échapper aux violences de la guérilla. Esteban, 24 ans, a été visé à l’oeil gauche par les brigades de l’ESMAD (forces de l’ordre) lors d’une manifestation étudiante à Popayán pour réclamer l’application des accords de paix signés fin 2016. Esteban, lui, au contraire, a été éduqué au sein d’une famille ultraconservatrice et religieuse de cette capitale coloniale du Cauca. Yesica et Esteban sont aux deux extrêmes des échelons sociaux de cette société colombienne si polarisée. Pourtant, et alors même qu’ils ne se connaissent pas, leur accident les rapproche : la perte de leur oeil a paradoxalement fait naitre une nouvelle personne en eux. Une prise de conscience qui leur permet de regarder avec plus d’acuité leur pays et de s’engager dans des reconstructions personnelles et collectives. Il y a un organe mort en eux, mais tout leur être est plus vivant que jamais.
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• Un film choral
Dans cette société colombienne en mille morceaux, Margarita est un témoin a posteriori des drames du conflit armé. Elle est une véritable mémoire de ces centaines de récits recueillis dans l’intimité de son cabinet. Son atelier de confection des prothèses est comme une chambre
de résonnance d’où l’on peut percevoir divers échos du conflit passé et de la violence d’aujourd’hui. Les traumas divers et variés sont évoqués hors champ par le biais de prothèses ou d’énumérations au fort pouvoir de suggestion. En tirant les fils des histoires récentes de Yesica et Esteban, la choralité du film se resserre pour montrer la Colombie d’aujourd’hui, entre violence et espoir. Se mêlent ainsi des regards perdus, de nouveaux regards construits, de regards face au miroir et face à celui des autres, de regards face à la réalité d’un pays passionnant dans toute sa complexité. Au final, le film esquisse le visage d’un pays qui tente de se reconstruire.